3 décembre 2011 (Nouvelle Solidarité) – Alors que les foyers se multiplient pour déclencher un conflit mondial opposant les forces de l’OTAN à la Russie et la Chine, une « alliance stratégique » vient de se former en Israël pour empêcher le gouvernement de se lancer dans un raid contre les sites nucléaires iraniens. Menée par d’anciens dirigeants des forces de sécurité israéliennes et vraisemblablement soutenue parmi l’establishment, cette coalition montre que certains en Israël ne souhaitent pas forcément que leur pays s’autodétruise tel une grenade dégoupillée qu’on balance dans le grand jeu géopolitique britannique.
D’après le quotidien israélien Haaretz, l’ancien patron du Mossad (services secrets extérieurs) Meir Dagan, pour contrecarrer la politique folle de l’équipe au pouvoir, vient de former une « alliance stratégique » politique formée d’experts militaires et de sécurité. Il s’agit en particulier de Gabi Ashkenazi, ancien chef d’Etat-major de l’armée de 2007 à 2011 et de Yuval Diskin, ancien patron du Shin Bet (sécurité intérieure) de 2005 à 2011. Leurs voix s’ajoutent à celles de l’ex-chef du Mossad Ephraim Halevy et de l’ancien chef d’Etat-major Shaul Mofaz.
Par le passé, c’est la faction d’Ashkenazi qui avait cherché à conclure un accord de paix avec la Syrie, ce qui n’était pas du goût du Premier ministre Bibi Netanyahou et de son ministre de la Défense Ehud Barak. Meir Dagan s’est lancé un nouveau défi, à savoir sauver l’Etat d’Israël de lui-même en créant un « (…) mouvement populaire visant à opérer un changement rapide du régime politique actuel » car celui-ci « (…) constitue une menace pour l’avenir de l’Etat, et son maintien inchangé conduira à sa perte ».
Ashkenazi et Dagan ont pris contact avec le bureau du juge Micha Lindenstrauss, actuellement Contrôleur de l’Etat, pour solliciter une évaluation des prérogatives gouvernementales sur les pouvoirs de guerre. A la tête d’une agence indépendante, Lindenstrauss est la terreur des politiciens israéliens et n’hésite pas à formuler les critiques les plus virulentes à l’égard de l’équipe gouvernementale.
Le fait que Meir Dagan, pour la deuxième fois en une semaine, ait pu formuler ses critiques lors d’une émission à la télévision nationale à heure de grande écoute, montre qu’il dispose d’un soutien non-négligeable des élites du pays. « Je m’inquiète d’erreurs possibles et je préfère parler avant qu’une catastrophe se produise » , a-t-il dit. « Je pense que s’engager les yeux ouverts dans une guerre régionale ne se justifie que lorsque nous sommes sous attaque ou quand le couteau s’enfonce déjà dans notre gorge. Ce n’est pas une alternative que l’on peut choisir à la légère. »
Alors qu’Ehud Barak prétend qu’un conflit avec l’Iran coûterait moins de 500 vies dans le pire des cas, Dagan estime au contraire que « le niveau de destruction, de paralysie de la vie quotidienne et le nombre de morts serait élevé ». Récemment, Barak a déclaré qu’Israël disposait de moins d’un an pour effectuer une attaque militaire, une affirmation qui « préoccupe » Dagan pour qui ce calendrier est exagéré.
La guerre des ombres a commencé
Mais gardons-nous d’angélisme : Pour sa part, Meir Dagan est un partisan des opérations clandestines dont il vante l’efficacité. Dans un article retraçant toutes les opérations clandestines de déstabilisation et autres assassinats depuis 2007, le journaliste d’Haaretz Yossi Melman reconnait que « la guerre contre l’Iran a déjà commencé ».
Rappelons qu’il y a quelques semaines, une forte explosion a frappé une base militaire à 40km de Téhéran. Parmi les 18 morts, le général Hassan Tehrani - Moghaddam, directeur du programme des missiles balistiques iraniens. Cette semaine, une autre explosion a secoué la ville d’Ispahan, la troisième ville d’Iran, où se trouve un site nucléaire.
Interrogé par le quotidien Yedioth Ahronoth pour savoir si ces actions de sabotage sur le territoire iranien sont l’œuvre de « la main de Dieu » (une allusion à l’opération « Colère de Dieu »), Dagan a répondu en souriant par l’affirmative. Gary Samore, le conseiller d’Obama sur la question des armes de destruction de masse ne disait rien d’autre en mai 2011 lorsqu’il se déclarait « content d’apprendre » que les Iraniens avaient du mal avec leurs centrifugeuses.
Constatant que le nombre d’actes de sabotages a augmenté de 10 % cette année, Haaretz rappelle tous les dangers d’une telle politique. « Il est certain que la patience de Téhéran est au point de s’épuiser. On l’a vu avec la prise de l’Ambassade britannique par des étudiants cette semaine. Ce n’était pas une rage spontanée : c’était un avertissement d’un régime qui se rend compte que quelqu’un lui a déclaré la guerre sans laisser de trace. Tôt ou tard, le régime des ayatollahs décidera de réagir et ordonnera à ses services de renseignement et d’action de riposter. »
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Source : Solidarité et Progrès
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