Lundi 19 janvier 2015 - Le rejet massif, par le peuple français dimanche 11 janvier de toute division du pays fait écho au processus de grève de masse qui a récemment conduit au pouvoir le général Abdel Fattah al-Sissi en Égypte et ceci au grand dam des pétromonarchies du golfe persique soutenues par les puissances financières occidentales.
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Le 6 janvier, à la veille de l’attentat contre Charlie Hebdo à Paris et du Noël orthodoxe, le président égyptien, un musulman pratiquant, s’est rendu à la cathédrale St-Marc du Caire, pour présenter ses vœux de Noël à l’ensemble de la communauté copte. Une première dans l’histoire du pays.
Se tenant debout aux côtés du pape Tawadros II, al-Sissi a insisté, dans une atmosphère d’allégresse incomparable, sur la nécessité de construire une Égypte sans aucune discrimination, et sur le fait que « l’on doit s’appeler Égyptiens seulement ».
« Il était nécessaire d’assister à la messe pour vous présenter mes vœux à l’occasion de Noël. Depuis des milliers d’années, l’Égypte a enseigné au monde l’humanité et la civilisation, et le monde s’attend à ce que l’humanité et la civilisation reviennent en force depuis notre pays. Dieu le permettant, nous allons, musulmans et chrétiens, construire notre pays et nous entraider et nous aimer les uns les autres. » |
Le président a quitté les lieux sous une avalanche de « nous t’aimons Sissi » et « musulmans et chrétiens sont comme les doigts d’une main ».
Le pape Tawadros II et le président al-Sissi travaillent tous deux à la normalisation des relations entre l’Égypte et l’Éthiopie, respectivement les troisième et deuxième pays les plus peuplés d’Afrique, afin d’accélérer la dynamique de développement économique mutuel déjà lancée dans cette région avec l’aide des BRICS et de la Chine, en particulier.
Dans un entretien accordé le 7 janvier dans le grand quotidien égyptien Al Ahram, Tawadros II a rappelé que les relations entre les deux pays ont été très étroites pour une grande partie de leur histoire, tant au niveau des deux églises que des deux peuples en général (45 % des Éthiopiens sont de confession copte et 34 % de confession musulmane). Les deux pays cherchent désormais une solution commune au problème du partage des eaux du Nil, rendue nécessaire par la construction, sur le Nil bleu, du Grand barrage de la renaissance éthiopienne. « Nous assistons actuellement à des efforts gouvernementaux à travers le ministère de l’Agriculture et le bureau du Premier ministre, afin d’aboutir à la résolution de la crise entre les deux pays », a déclaré Tawadros II.
Ces efforts se sont accélérés le 10 janvier avec l’arrivée en Égypte du patriarche de l’Église copte éthiopienne Mathias 1er, pour une visite officielle de 6 jours, sa première en terre égyptienne. Invité par Tawadros II, le patriarche éthiopien doit rencontrer le Président al-Sissi et le Premier ministre Ibrahim Mehleb. Al-Ahram rapporte que les deux églises « ont joué un rôle pour faciliter les négociations entre les deux pays concernant le Grand barrage de la renaissance éthiopienne en construction sur le Nil bleu ». Le Président al-Sissi doit se rendre à son tour en Éthiopie plus tard ce mois-ci pour une visite officielle.
Cette dynamique pour la bonne entente entre religions et pays voisins, dans un cadre de développement économique volontariste, visant à inclure plutôt qu’à exclure, avec le soutien enthousiaste des populations (les dirigeants égyptiens et éthiopiens bénéficient de taux de popularité inconnus en Occident), devrait servir de source d’inspiration pour une Europe empêtrée dans un modèle impérial, arrogant et de plus en plus inégalitaire, et trop attachée à son alliance contre-nature avec des monarchies obscurantistes comme le Qatar et l’Arabie saoudite.
C’est ce que constate de son côté un analyste français dans le domaine du renseignement, Eric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement, dans un éditorial du 10 janvier :
« Le jour même où le journal Charlie Hebdo était attaqué et les membres de sa rédaction massacrés, un autre événement d’une portée considérable - totalement ignoré en France - a eu lieu en Egypte. Le président Al-Sisi a écourté un voyage d’Etat au Koweït afin de venir fêter le Noël copte au Caire. |
Source : Solidarité & Progrès