Mardi 30 avril 2013 - Le poète portugais Manuel Alegre, personnalité bien connue du Parti socialiste portugais, ancien député et deux fois candidat à la présidence (2006-2011), a tiré à boulets rouges sur la politique meurtrière de l’Union européenne dans le journal portugais Jornal I :
« Nous sommes comme les prisonniers dans les camps de concentration qui vivaient dans l’illusion que leur heure n’était peut-être pas encore venue, alors que les autres étaient acheminés vers les chambres à gaz. Aucune svastika n’est visible ; aucun soldat n’aboie d’ordre ; les mots “Arbeit macht frei” n’apparaissent pas encore à l’entrée de notre pays. |
Comme l’a toutefois précisé Helga Zepp-LaRouche, présidente du Büso, notre parti frère en Allemagne et fervente opposante à la politique de la Troïka UE-BCE-FMI, l’analyse de Manuel Alegre est, malheureusement, correcte dans son ensemble, mais passe à côté sur un point essentiel :
« L’Europe n’est pas “germanisée”, elle est sous l’emprise de l’Empire britannique, et l’UE dans sa forme actuelle n’est que l’expression régionale de la mondialisation, qui à son tour n’est rien d’autre que l’Empire britannique. La majorité de la population allemande est aussi pressentie pour le massacre sous la forme de coupes sévères dans la santé publique, les retraites et l’éducation, et pour nombre de gens la peur du lendemain a depuis longtemps laissé la place à la peur du présent. » |
Rappelons en effet que si l’Allemagne a été intégrée de force dans la zone euro au lendemain de sa réunification les gardiens du camp se sont pour leur part bien arrangés pour le surveiller depuis l’extérieur, en maintenant soigneusement la Grande-Bretagne, la City et par conséquent l’Empire hors de la zone euro.
Par ailleurs au Portugal, le dirigeant socialiste Mario Soares a de nouveau appelé le Portugal et d’autres pays de l’UE à ne pas payer les dettes usuraires aux banques, mais à déclarer une cessation de paiement comme l’Argentine et le Brésil l’avaient fait. Les conditions actuelles du Portugal sont encore pires que sous la dictature jusqu’en 1974, dit-il.
Les droits de l’homme bafoués en Grèce par l’UE
A l’issue d’une tournée d’inspection de quatre jours en Grèce, l’expert du Conseil des droits de l’homme des Nations unies a été catégorique : la politique d’austérité de l’Union européenne constitue une atteinte aux droits de l’homme.
Lors d’une conférence de presse le 26 avril à Athènes, Cephas Lumina a déclaré que les droits de l’homme « sont menacés ou sont déjà minés par les sévères mesures politiques procycliques – austérité, réformes du travail, libéralisation et privatisations – que le gouvernement a été contraint de mettre en place depuis mai 2010 ». Il a dénoncé les conditions du mémorandum de la Troïka :
« Le but affiché des mesures est de réduire le déficit fiscal, de réduire les coûts du travail et de rendre l’économie plus compétitive. Cependant, les données disponibles montrent que ces mesures excessivement rigides ont entraîné une contraction de l’économie et des coûts sociaux importants pour la population, y compris un chômage élevé, les sans-abri, la pauvreté et l’inégalité. » |
Seuls 160 000 des 1,3 million chômeurs officiels perçoivent des allocations chômage, a-t-il fait observer Lumina. Les autres n’ont ni allocations ni couverture santé. Le taux du chômage officiel avoisine les 28 %. En outre, quelque 10 % de la population vit dans une « pauvreté extrême » et le nombre de sans-abri a augmenté de 25 %. Le logement social et le service public en Grèce sont pratiquement inexistants.
Lumina a également souligné que les 470 000 immigrants privés de titre de séjour en règle sont parmi les plus vulnérables. Il a appelé la Troïka à prendre en considération les droits de l’homme dans les programmes d’austérité de la Grèce.
Même si ses observations sont choquantes et nécessitent une action immédiate, son rapport final ne sera toutefois soumis au Conseil des droits de l’homme de l’ONU... qu’en mars 2014 !
Source : Solidarité & Progrès