Vendredi 16 janvier 2015 - Dans le cadre de la campagne électorale grecque (l’élection est prévue pour le 25 janvier), le parti Syriza (gauche radicale) aussi bien que les Grecs indépendants (souverainiste) ont proposé une « conférence européenne sur la dette », à l’image de celle de Londres de 1953 pour l’Allemagne.
Lors d’un entretien avec la chaîne télé anglaise BBC4, le dirigeant de Syriza Alexis Tsipras a précisé qu’une conférence européenne permettrait d’aborder collectivement le problème. « Il n’existe pas d’autre solution que l’effacement d’une partie importante de la dette, un nouveau mémorandum sur son remboursement et une nouvelle clause de développement. »
Et le sujet fait débat. Dans les pages du quotidien allemand Handelsblatt, le gouverneur de la Banque de France Christian Noyer a rappelé qu’une « restructuration de la dette est toujours très couteuse en termes de confiance », et qu’il faut donc « la considérer uniquement en dernier recours ». Esprit d’ouverture immédiatement corrigé mardi dans le quotidien Die Welt, par Benoît Coeuré, membre français du directoire de la BCE : « Il ne peut y avoir aucun accord sur l’allégement de la dette grecque touchant aux obligations détenues par la BCE... »
En vérité, une telle conférence offrirait effectivement l’occasion par excellence de non seulement régler le problème de la dette grecque, mais aussi de réorganiser et réformer tout le système financier européen. Car c’est la mise en faillite ordonnée de toute la zone euro qui est nécessaire et, au-delà, du système financier transatlantique.
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Documentation : La conférence de Londres de 1953Un bref regard sur les principes mis en œuvre lors de la conférence de Londres de 1953, afin de traiter la question de la dette allemande d’avant-guerre, est instructif : 2. Toute la dette extérieure, publique et privée, devait être réorganisée de manière globale. Aucune dérogation ne fut accordée à des intérêts particuliers et certainement pas aux fonds spéculatifs. L’accord a pris la forme d’un traité entre les États respectifs, et donc à l’abri de l’action de juridictions étrangères, contrairement à ce qu’on a aujourd’hui en Argentine. 3. En moyenne, le principal de la dette a été réduit de 50 % et assorti de faibles taux d’intérêt. Les remboursements se faisaient exclusivement en fonction des recettes à l’exportation. Par conséquent, si la balance commerciale de l’Allemagne était négative, aucun remboursement n’était exigé. Dans ce cadre, on favorisait la réduction des importations en y substituant des produits nationaux, c’est-à-dire une politique « protectionniste » complètement bannie depuis au nom du dogme néolibéral. 4. Aucune « conditionnalité » ne fut imposée à l’Allemagne, pas de coupes budgétaire ou de dévaluation et pas de « réforme structurelle ». Par conséquent, aucune mesure d’austérité ne fut exigée. |
Source : Solidarité & Progrès